Paris,
Le 17 décembre 2018
11 h 51 p.m.
« Je me dis que c'était peut-être la vraie nature de l'art que de donner à voir des mondes rêvés, des mondes impossibles, et que c'était une chose dont je ne m'étais jamais approché, dont je ne m'étais même jamais senti capable. »
Michel Houellebecq, La possibilité d’une île, 2005
The Plausible Island
En 2017, Mapping At Last (à la Galerie Eric Mouchet, de février à mars) commençait le travail de recherche, la création d’un atlas des pratiques artistiques qui faisaient de la cartographie, de la topographie ou encore du simple relevé de donné, leur matière picturale, parfois le point de départ d’une réflexion plastique, souvent un medium préférentiel. Avec 13 artistes de tous âges et genres confondus, nous entrions dans un espace où les productions faisaient la part belle à la majeure partie des pratiques artistiques connues. Du dessin à l’installation en passant par la vidéo et le son, nous avions pu ensemble appréhender avec plaisir les nombreuses variantes cartographiques qui nous faisaient face alors.
The Plausible Island, plutôt nouvel opus que réelle suite, continue de compléter cet atlas de la création. Comme un voyage qui nous emporterait plus loin encore, un approfondissement de cette recherche, avec un champ thématique plus restreint. Toujours appliqué à la carte, au déplacement et à sa retranscription artistique le motif de l’île semblait ici tout à fait pertinent. Pour la simple, seule et bonne raison que l’île est de par sa nature, la source de nombreuses cartographies, scientifiques ou fantasmées.
The Plausible Island explore avec 14 artistes, duos d’artistes, ou groupes d’artistes, les transcriptions réelles ou fictives du chemin qui mène jusqu'à l’île ou à l’inverse ceux qui, en quittant cette ile, nous ramène sur le continent.
Pour autant, il ne nous faudra pas seulement considérer dans cette exposition l’île comme ce qu’elle est de plus simple. Il y a les îles qui existes et que l’on connaît, mais il y a aussi les îles que l’on phantasme, que l’on imagine et qui nous font rêver. Il y a ces îles imaginaires et celles trop hostiles à l’homme pour que nous puissions nous y rendre. Il faudra aussi se rappeler que le chemin vers une île est un trajet que l’on projette et que l’on rêve avant de l’entreprendre, un chemin que l’on fait en contemplant l’horizon. Pourtant même si beaucoup d’entre nous l’île est une incarnation du rêve ou de l’idéal, une sorte de pré paradis, le rêve de quitter une île existe bel et bien lui aussi. L’île est bien souvent une prison, dans un premier temps, de par sa simple condition géographique, pour un individu ou toute une communauté.
Plus encore, il est à noter, malgré sa définition, qu’une île est une entité séparée d’un grand reste. En italien, isola : l’île, a donné : isolato, en français isoler. En cela, nous pouvons donc tous être considérés comme des îles les uns par rapport aux autres. Chacun à la recherche de son île intérieure pour trouver son trajet vers l’autre.
The Plausible Island, une exposition du 16 février au 6 avril 2019, à l’Espace Topographie de l’Art, avec Claire angelini, Christina Barrosso, Benoît Billotte, Charlie Chine, Sebastien Cabour & Pauline Delwaulle, Marcel Dinahet, Juliette Feck, William Gaye, Maxime Lamarche, Aurélien Mauplot, François Réau, Esteban Richard, SUZANNE, Capucine Vever.
“J’ai trouvé mon île au trésor.
Je l’ai trouvée dans mon monde intérieur, dans mes rencontres, dans mon travail.”
Hugo Pratt
Île : nom féminin, lat. insula.
Espace de terre entouré d’eau de tous les côtes.
Larousse







