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Paris, sous la neige

Le 06 février 2018

04h28 a.m.

 

« Nous sommes liés non par le sang ou un lieu, mais par une morale semblable, le besoin de vivre une vie pleine et pour l'instant présent, une incrédulité en le futur, un respect similaire de l'honnêteté, un besoin de repousser les limites et une histoire commune. »

Nan Goldin, à propos de « The Balad Of Sexual Dependancy »,

en 1987 lors des Rencontres d’Arles

 

Robin Lopvet

La ballade des dépendances inhabituelles

#LaPudeurCestLesAutres

 

Robin Lopvet vit et travaille sur internet. 

C’est ce que l’on peut lire dans la plupart de ses biographies ou interviews. Signe manifeste de son appartenance à une communauté digitale qui l’accompagne à chaque instant et ce, même lorsque qu’il documente son quotidien avec son ricoh gr.

Il est de ces photographes qui ont un rapport addictif à l’image. Que celle-ci soit réelle ou numérique, celle que Robin nous donne à voir est la retranscription d’un langage qui ne s’exprime que l’orsqu’opère la savante équation de son œil, de son objectif et de son écran d’ordinateur. 

Les sujets de ses productions, dans leurs quasi-totalités, relèvent d’une intimité du quotidien avec un « tel quel » que d’autres qualifieraient de « sans filtre », de simples tranches de vies liées à la condition humaine. Sans pudeur, ni retenue mais empreint d’une sincérité désarmante. Comme autant d’instantanés de vie, auxquels il vous laisse un accès maitrisé, Robin Lopvet ne fait fait via ses images, non uniquement le portrait en creux de ce qu’il est, mais aussi celui d’une génération en mutation, à laquelle il appartient. Un cri silencieux traduit dans un éclat de lumière disait Fabien Vallos à propos de son travail. Lui-même le dit souvent : « La pudeur c’est les autres ».

Si les années 80-90 ont eu The Ballad of Sexual Dependency, les années 2010-20 auront à coups sures, la photographie de Robin Lopvet. 

Pour autant son travail de l’image ne s’arrête pas ici et, un grand pan de sa pratique est visible dans ses productions vidéographiques. En partant d’une base d’images fixes, produites ou collectées, ce photographe de formation, via l’accompagnement d’outils informatique de retouche de l’image, crée d’incroyables films d’animations à base de collages numériques. Arcs narratifs d’images fantasques, où le regardeur ne sait plus faire la différence entre l’image récupérée et l’image crée, le réel ou la prolongation d’un « scroll » internet continu … Ces films d’animations numériques d’un nouveau genre, nous marquent. Au moment où les efforts déployés par le tout commun pour faire de son propre fil d’actualité, via des réseaux sociaux, une histoire qui vaut la peine d’être raconté mais qui surtout doit être enviée par le regardeur, Robin Lopvet nous livre en vidéo et en image, une exposition qui, toute personnelle qu’elle puisse être, se fait le prisme de nos dépendances à l’images et à nos propres représentations via ces médiums omniprésents dans nos vies.

La Ballade des dépendances inhabituelles, dans son accrochage brut, loin du white cube, n’est pas tant de l’anticonformisme que la recherche d’un fond d’écran physique au-dessus duquel viennent s’organiser les images de Robin Lopvet. Infographiste du réel, il joue avec ses photos comme sur un logiciel de traitement d’images. En les superposant sur plusieurs niveaux, comme autant de calques Photoshop qui se partagent un espace de travail, il envisage son display comme un travail vers une image unique, une vue d’ensemble. Un état des lieux intimistes de son quotidien retravaillé régulièrement, presque de façon addictive, en tous cas compulsive.

Dans notre cas (La Ballade…), il a même pour l’occasion, découpé certains tirages pour pouvoir jouer avec des superpositions, comme il pourrait détourer une photo sur logiciel et en faire un montage. Autant d’association de moments, d’idées, que d’images composées ici légendées à la main par l’artiste.

 

Léo Marin

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