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Entre Marseille et Paris

Le 1 mai 2019,

 

Côme Clerino,

Et si on passait les meubles par la fenêtre ?

 

La question est posée et elle titre la première exposition personnelle de Côme Clérino en France, une carte blanche donné par la Double V Gallery à l’occasion du Printemps de l’Art Contemporain 2019 (PAC-2019). A quoi s’attendre alors ?

 

Déjà le 14 juin 2018, pour la revue en ligne Point Contemporain, à l’occasion d’un portrait de l’artiste j’écrivais : Côme Clérino trouve les motifs et les matières dont il s’inspire, dans la rue, sur les chemins qui le mène de chez lui à son atelier, dans des errances plus déambulatoires ou encore dans des trajets de collecte de « motif / matière » qu’il compile.

L’espace urbain à transmutation rapide, où les murs se détériorent, les affiches se déchirent, les chantiers se démultiplient et se métamorphosent à mesure qu’ils avancent et laissent derrière eux les traces de la construction et les débris, qui érigent de nouveaux murs, est le décorum de nos déplacements quotidiens et des déplacements de l’artiste : son nuancier d’inspiration favori.

C’est toutes ces matières et tous ces changements que l’on retrouve dans les œuvres de l’artiste. Mousses, résines, plastiques et enduits, autant de matériaux au propriétés antinomiques, comme autant de combinaisons avec lesquelles il compose et agence. Des combinaisons d’effets-matériaux-couleur, directement emprunté dans la gamme de notre quotidien urbain.

Côme Clérino est un artiste dont l’œuvre à la composition établie à partir de motifs/matières structurant.e.s, d’inspiration urbaines, où la picturalité couvrante de nos édifices se fait aussi matière porteuse et structurelle de son travail. Quelle est l’aspérité qui recouvre, la surface lisse qui homogénéise, la brèche dans la matière qui nous montre qu’un élément est solvable dans l’autre ou bien au contraire … Autant de petits combats de matières picturales amoureuse qui nourrissent immanquablement notre regard, de moins en moins attentifs à la beauté de ce qui recouvre les surfaces de nos villes et les changements qui s’y opèrent.

 

Pratique que nous retrouvons avec plaisir dans cette exposition. De grands formats au mur reprennent ces compositions de matières, avec des agencements où la couleur n’est plus seulement le maitre mot définissant l’aspect de l’œuvre, mais où les contingences du support pictural, parfois même appliqué abondamment se retrouvent être les composants qui le portent à notre regard et révèlent les aptitudes du peintre.

 

De plus petits formats, assemblages de plâtre, résine et émaux à la composition douce, comme autant de fragments de surfaces auraient pu être glanées lors d’errances urbaines nous accompagnent et nous rappellent que bien souvent, la richesse du travail de l’artiste est dans les détails.

 

Toutes ces « toiles » sont présenté ici en un accrochage qui se rapproche en réalité de la mise en scène d’un intérieur domestique. Les formes au sol, même en reprenant les techniques de composition de matières chères à l’artiste, s’avèrent être en réalité plus qu’une simple forme, mais également un mobilier usuel. Table basse, petits tabourets, étagère lampe de chevet, font avec nous et le titre de l’exposition un pied de nez à la scène de ménage de boulevard où les meubles volent par la fenêtre et finissent dans la rue. Ce mobilier ci est lui aussi ré-agencé, recomposé et ornementé des talents de l’artiste. Dans un jeu de matières extérieures (crépis, émaux, enduis etc…) qui viennent recouvrir des éléments d’intérieur, Côme poursuit ses recherches, continue de transposer la matière qui habille la ville sur des surfaces utilitaires de recouvrement : carrelages, linoleums, crépis, mais vient en plus cette fois ci les appliquer en habillage sur un mobilier utilisable. Indices d’un souvenir de texture remis au gout du jour ? Une sculpture d’usage ? Design ultime de l’artiste créateur ? Glissement de la pratique comme il semble en être la mouvance actuelle ? Lumière faite sur l’importance de la matière ?

Autant de question qui se posent et que pose Côme Clérino : Et si on jetait les meubles par la fenêtre ? et qu’on recommençait tout à zéro ?

Léo Marin

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Between Marseille et Paris

Le 1 mai 2019,

 

Côme Clerino,

Et si on passait les meubles par la fenêtre ?

(What if we put the furniture out the window?)

 

The question is asked and it is the title of the first personal exhibition of Côme Clérino in France, a carte blanche given by the Double V Gallery on the occasion of the Spring of Contemporary Art 2019 (PAC-2019). What to expect then?

 

Already on June 14, 2018, for the online magazine Point Contemporain, on the occasion of a portrait of the artist I wrote: Côme Clérino finds the motifs and the materials which he is inspired, in the street, on the paths that leads him from his studio to his home, in wanderings more ambulatory or in paths of collection of "motif / matter" that he compiles.

The urban space with rapid transmutation, where the walls deteriorate, the posters tear, the building sites are multiplied and metamorphose as they advance and leave behind traces of construction and debris, which erect new walls , is the decorum of our daily travels and displacements of the artist: his favorite color chart.

It is all these materials and all these changes that we find in the artist's works. Foams, resins, plastics and coatings, so many materials with antinomic properties, as many combinations with which he composes and arranges. Combinations of effects-materials-color, directly borrowed from the range of our urban everyday life.

Côme Clerino is an artist whose work in composition based on motifs / structuring materials, urban inspiration, where the pictorial coverage of our buildings is also carrier and structural material of his work. What is the roughness that covers, the smooth surface that homogenizes, the gap in the material that shows us that one element is solvent in the other or on the contrary ... So many little battles of love pictorial materials that inevitably feed our eyes less and less attentive to the beauty of what covers the surfaces of our cities and the changes that are taking place there.

 

Practice that we find with pleasure in this exhibition. Large formats on the wall reproduce these compositions of materials, with arrangements where color is no longer just the master word defining the aspect of the work, but where the contingencies of the pictorial support, sometimes even applied abundantly, are found to be the components that bring it to our eyes and reveal the skills of the painter.

 

Smaller formats, assemblages of earth, resin and glazes with a soft composition, like so many fragments of surfaces could have been gleaned during urban wanderings accompany us and remind us that often the richness of the work of the artist is in the details.

 

All these "canvases" are presented here in a clash that is actually closer to the staging of a domestic interior. The forms on the ground, even taking over the techniques of composition of materials dear to the artist, turn out to be in fact more than just a form, but also a usual furniture. Coffee table, small stools, bedside lamp shelf, make with us and the title of the exhibition a snub to the boulevard household scene where the furniture is flying through the window and ending up on the street. This furniture is also re-arranged, recomposed and ornamented with the talents of the artist. In a set of exterior materials (plaster, enamels, coatings etc ...) that come to cover interior elements, Côme continues its research, continues to transpose the material that dresses the city on surfaces utilitarian covering: tiles, linoleums, plaster , but comes in addition this time apply them in dressing on a usable furniture. Indices of a texture souvenir given to the taste of the day? A sculpture of use? Ultimate design of the creative artist? Sliding of the practice as it seems to be the current movement? Light made on the importance of the material?

 

So much question arises, and what does Côme Clérino pose: What if we throw the furniture out the window? and start all over again?

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